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Bénédicte à la campagne...
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11 mai 2013

Les légumes citoyens

 

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Déjà 6 semaines d'installation à la campagne...Il est grand temps de partager avec vous impressions, réflexions et réalités sur ce qu'on peut appeler un changement de vie, une nouvelle page à écrire ou encore la transition vers "une autre monde".
Un monde autrement, où le temps ne passe pas de la même façon, où l’intériorité reprend quelque peu le pas sur l’oubli de soi causé par les tracas du boulot et le stress de la ville, où l’on apprend à se débrouiller, à faire soi-même, à consommer moins, à être créatif, à prendre le temps pour tout. 
La campagne, ses attraits, ses mythes, les peurs aussi qu’elle peut engendrer – solitude, isolement, intégration, rencontres parfois choc entre les cultures du terroir, les anciens et nous les néoruraux, tout cela, j’ai déjà eu l’occasion de les expérimenter. Et pourtant, rien n’est tout à fait vrai.
La campagne en 2013 ne doit pas trop ressembler à celle de 1950. Aujourd’hui, campagne rime avec modernité, ouverture sur le monde, diversité des nationalités, échanges, envie de créer des réseaux, des collectifs. Comme si ici, l’univers des possibles prenait une autre dimension. 
Les journées sont trop courtes pour mettre en place le projet qui nous tient à cœur : créer une association (c'est sur le point d'être fait) pour promouvoir le maraichage éthique, revaloriser ce métier aux yeux du consommateur en lui expliquant que même si, oui, c’est un peu plus cher que d’aller au supermarché – et encore, mais c’est un autre débat – acheter des produits locaux, qui respectent et l’environnement et l’homme – est un meilleur investissement sur le long terme.
Pour ce faire, rien de mieux que de démontrer par l’action. La production maraichère que nous mettons en place et que nous vendrons sera le support de notre message et la voie vers une activité davantage commerciale à plus long terme.
La demande est là, il y a des attentes, même en zone rurale, pour des produits locaux. Seulement, les consommateurs et les producteurs ne se connaissent pas bien. Ces derniers ne sont pas (encore) suffisamment représentés dans la restauration collective, dans les restaurants et même sur les marchés ! Pas un seul vrai maraicher certifié bio sur le marché de Thiviers, le bourg le plus proche de notre ferme. Par contre, 5 ou 6 étals de fruits et légumes de production conventionnelle venant d’Espagne, du Maroc, d’Italie..Il y a de quoi se poser des questions.

Bénédicte et les jardins

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Mais revenons au concret : la terre est basse, c’est moi qui vous le dis ! Pour cette première année, c’est environ 1000 m² de culture de, en vrac, laitues (3-4 sortes), tomates (une dizaine de variétés), concombres, courgettes (4 variétés), potirons et potimarrons (3 variétés) et des herbes aromatiques. Pas mal pour un début…et c’est du boulot…Mise à part la préparation des parcelles où Berta, la charrue rotative nous a donné un fameux coup de main, tout le reste, c’est grelinette, cultivateur sur roue, binette, houe et griffe…et huile de coude. Après ça, vous avez du muscle, c’est garanti… !

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Seulement, les dieux de la météo ne sont décidément pas de la partie – il paraît que c’était déjà le cas en 2012 -. Fraîcheur, déficit de soleil…ça pousse mais bon, faut pas trop les pousser non plus ! Vivement l'été, la chaleur et que les jardins soient bien garnis...

 

Pour terminer,le début de l’expérience est riche, très équilibrant avec un sentiment d’être dans le juste, de préparer un avenir un peu plus harmonieux, respectueux du vivant, de tout le vivant…Et même si le vent emporte la serre et les semis, même si les taupins dégustent les jeunes pousses de laitues, le découragement n’est pas de mise, bien au contraire..On se dit que la nature est là pour nous rappeler une certaine humilité. C'est bien là une des raisons de ce choix de vie...

 

PS : Parce qu’il m’accompagne pendant les pauses « lecture », j’ai très envie de vous recommander la lecture de  « La Décroissance, le journal de la joie de vivre » édité par les « Casseurs de Pub, la revue de l’environnement mental ». Un condensé mensuel de 16 pages d’idées décapantes, dérangeantes pour certains mais tellement sain et revigorant pour l’esprit et la réflexion sur notre monde actuel, ses dérives et ses contradictions, l’aliénation au boulot et à la société de consommation,  16 pages sans pub – évidemment -, sans aucune volonté de faire joli et d’attirer le lecteur...Et pourtant, ils vont sortir leur numéro 100 à la fin du mois. A lire sans attendre…

PS2 : si quelqu’un a un truc pour enlever les traces de terre dans les plis et les rides de la peau des mains, je suis preneuse !

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Commentaires
S
Bonjour Bénédicte, <br /> <br /> Quel plaisir de lire cette note, ce matin ! La journée commence bien, malgré le temps d'automne de ce 23 mai... <br /> <br /> Je me retrouve dans ce que j'ai lu ici. Mêmes impressions, même réflexions... <br /> <br /> La campagne vue de la ville... Des clichés, encore des clichés, dans un sens ou dans l'autre. Idéalisée ou dévalorisée. <br /> <br /> Je le dis aussi : le 21° siècle est bien arrivé dans ma campagne aussi ! Nous avons la télé et même internet haut débit ! ;-) Mais aussi du lien, des rencontres, des échanges... Bien plus, en vérité, que ce que nous avions connu ailleurs. Non, ce monde rural n'est plus (le fut-il ?) replié sur lui-même. <br /> <br /> Mais le choc des cultures, je l'ai connu quand je suis arrivée, il y a 8 ans. Et ce fut un peu difficile ; nous ne comprenions pas toujours... Au fil du temps, nous avons compris et aujourd'hui, il n'y a plus grand chose qui nous surprend ou nous gêne ; le bon sens nous a-t-il rattrapé ? ;-) <br /> <br /> J'ai été également très surprise de découvrir sur les étals des marchés locaux la même camelote qu'en grande surface. Sur ce point précisément, je n'ai toujours rien compris... Mais j'ai découvert une association de producteurs locaux : viandes, produits laitiers, poissons, fruits et légumes, charcuteries, volailles, vin, miel, pain et pâtisseries... Les produits sont-ils plus chers ? Pas forcément ! <br /> <br /> Mon fournisseur de pommes me fait le kilo de pommes délicieuses, sucrées et juteuses à 1,50 € ; 2,00 € en bio. Au supermarché, cette semaine, le kilo de pommes insipides et même pas bio était à 2,59 € ! <br /> <br /> Mais même quand le prix est plus élevé, il faut voir de quoi l'on parle, comparer ce qui est comparable. Hors, je ne trouve pas en grande surface les mêmes produits que chez mes agriculteurs locaux ! Et je ne parle pas seulement de qualité gustative, je parle aussi de conditions d'élevages, de respect de l'environnement, de culture raisonné, d'éthique commerciale, etc. <br /> <br /> La terre est basse... Oh oui ! Et même dans mon tout petit potager ! Mais c'est bien le temps qu'il fait qui me pèse le plus : rien ne pousse, ou très peu. C'est que les légumes ne sont pas fous, eux ! Ils savent bien que ce n'est pas la saison ! ;-) <br /> <br /> Merci pour ce billet, donc. J'ai pris grand plaisir à le lire et à témoigner de ma propre expérience. Merci aussi pour la découverte de "La Décroissance". Je pense que je vais m'abonner à cette très saine lecture... <br /> <br /> Je vous souhaite bon courage pour la suite. <br /> <br /> Amitiés,<br /> <br /> Sylvie.<br /> <br /> P.S. Pour la terre sur les mains, je dirais des gants... OK, je sors ! ;-)
Bénédicte à la campagne...
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Bénédicte à la campagne...
  • Le parcours d'une citoyenne de la ville en route vers la campagne... Maraîchage bio, retour à la terre, autonomie, partage et respect de soi, de la Terre et des autres. Parce que "cultiver son jardin est un acte politique" (Pierre Rabhi).
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